Sessions

1. Synthèses interrégionales

Dans la tradition des colloques « Bronze » organisés par l’APRAB, la rencontre de Strasbourg ambitionne de dresser un bilan des connaissances sur les sociétés du Bronze moyen et du début du Bronze final en Europe occidentale et moyenne : de l’Atlantique aux Alpes, de la Baltique à la Méditerranée occidentale. Les domaines de la culture matérielle (chronotypologie, faciès culturels, technologie, dimensions sociale et économique), les pratiques funéraires, les formes de l’habitat, ainsi que les modalités et les rythmes de l’occupation du sol seront notamment au centre de ces approches volontairement synthétiques.

Afin de présenter des communications concernant l’ensemble du territoire français et de ses marges lors de la première journée de communications du colloque, des groupes de travail ont été mis en place dès 2012 pour réaliser des synthèses régionales, suivant les limites administratives. Celles-ci serviront de base aux synthèses interrégionales pour lesquelles les regroupements et éventuels découpages se feront cette fois, et autant que possible, en fonction des affinités culturelles. Une trame commune des aspects à aborder dans les synthèses a de plus été proposée afin de permettre des comparaisons faciles entre chaque territoire.

Les résultats des synthèses régionales feront l’objet d’un poster et seront inclus sous forme d’article dans le volume des actes du colloque. Elles seront présentées lors d’une réunion de travail au siège de l’Inrap (7 rue de Madrid - 75008 Paris), le 12 décembre 2013. Cette journée permettra de procéder aux regroupements interrégionaux qui seront présentés sous forme de communications de synthèses lors du colloque de Strasbourg.

 

2. Périodisation : temps absolu et relatif

Les périodes du Bronze moyen et du début du Bronze final sont particulièrement significatives des problématiques rencontrées actuellement par les protohistoriens face aux périodisations.

La multiplication des différents systèmes chronologiques de référence et les problèmes inhérents à leur confrontation et à leur corrélation constituent une première voie de réflexion. Ces difficultés peuvent se rencontrer au sein d’un même territoire (la zone nord-alpine occidentale) ou concerner différents systèmes de référence à vocations régionales. Ces disparités amènent à nous interroger sur les méthodes, les critères, les types de contextes et les matériaux mobilisés. Peut-on considérer que les principaux documents utilisés dans les périodisations (objets métalliques et céramiques) évoluent selon le même rythme ? Qu’en est-il des autres manifestations de la culture matérielle et des pratiques sociales ?

Il conviendra également de s’interroger sur la conformité historique des découpages proposés, et de leur possible application pour l’ensemble de l’Europe occidentale. Ainsi, la césure traditionnellement utilisée en France entre le Bronze moyen et le Bronze final est-elle judicieuse ? D’un point de vue culturel et social, les systèmes ternaires utilisés en  Europe centrale (Bz C, D et Ha A1) ou en méditerranée (Bronze moyen, récent et final) sont-ils plus efficients ?

La complémentarité de ces pratiques de périodisations traditionnelles avec les méthodes de datation chronométriques n’est plus à démontrer, même si sa systématisation reste déséquilibrée entre les différentes régions européennes. Le perfectionnement croissant des méthodes utilisées a entraîné un affinement de la précision des dates radiocarbone. Mais c’est surtout l’augmentation exponentielle de leur nombre qui modifie actuellement les pratiques liées à cet outil. De la compilation à la série de dates, en passant par les modélisations bayésiennes, quels sont les possibilités actuelles et leurs apports à la chronotypologie ?

D’autres techniques, telles que la thermoluminescence ou l’archéomagnétisme, sont-elles adaptées, voire plus efficaces, pour cette phase chronologique qui pâtit, notamment pour le XIVe siècle, d’irrégularités dans la courbe de calibration dendrochronologique du radiocarbone ?

A ce propos, qu’en est-il de la dendrochronologie pour cette période qui voit la désaffection des rives des lacs du nord des Alpes. D’autres régions, notamment celles localisées au sud de cette chaîne montagneuse sont-elles à même de compléter les référentiels ?

Dans la mesure où les questions de chronologies régionales seront en grande partie traitées dans la première session, nous privilégierons pour cette thématique des travaux de synthèses sur de vastes espaces, les approches novatrices ou méthodologiques, ainsi que tous sujets ayant trait à l’historiographie ou à l’épistémologie des systèmes chronologiques.

 

3. Les modèles socio-économiques du Bronze moyen et la question de l’émergence du Bronze final

Le Bronze moyen correspond globalement à une péjoration climatique, avec un climat plus frais et humide. Quelles sont les conséquences de ce phénomène sur l’économie des sociétés ? Est-il à l’origine de crises insurmontables, conditionnant des phénomènes de déprises, ou entraîne-t-il au contraire une diversification des activités et l’occupation de nouveaux territoires ? Certains évènements déjà reconnus comme la désaffection des rives des lacs nord-alpins ou l’effondrement du système des Terramare de la plaine padane devront à nouveau être discutés. Dans la lignée du colloque de Besançon (Environnements et cultures à l’âge du Bronze en Europe occidentale, CTHS 2004), les approches similaires analysant l’interaction entre les sociétés et leur environnement lors de cette période, sur d’autres territoires, trouveront tout naturellement leur place dans la programmation. Mais il conviendra également d’aborder les problématiques corollaires de ces épisodes de crise (paléodémographie, mobilité des populations).

Certaines régions, par exemple celle des Terramare, voient se développer de véritables agglomérations liées à une exploitation agricole intensive, tandis que dans d’autres régions les vestiges d’habitat restent encore très fugaces. Comment interpréter ces différences d’un point de vue sociétal ?

Dans le domaine de la culture matérielle, cette période se distingue par une intense accélération de la production métallique de bronzes, par la complexification de l’armement et de l’outillage auxquels s’ajoute une amplification de la pratique de dépôts. Ces phénomènes amènent à s’interroger sur les modifications existant à cette période dans les domaines de la consommation et de la disponibilité de la matière première, sur le statut de la production et sur celui du bronzier au sein de la société.

Cette période dynamique connaît aussi d’importantes mobilités des produits à l’échelle de l’Europe, mais aussi des échanges d’idées et des techniques, des croyances et probablement des populations. Ainsi, dans le domaine funéraire, le Bronze moyen se caractérise par l’adoption pour une large zone de l’Europe de l’inhumation sous tumulus, laquelle est remplacée au passage du Bronze moyen au Bronze final par la pratique de la crémation secondaire déposée en urne, parfois accompagnée de mobilier céramique et métallique. De même, cette phase de transition voit l’apparition en Europe moyenne, jusqu’au Bassin parisien de la « Culture à céramique cannelée ». Comment peut-on relier ces phénomènes et quelle valeur historique peut-on leur donner ? Le Bronze moyen et le début du Bronze final constituent-ils d’ailleurs à eux deux un cycle cohérent de développement des sociétés, voire une période historique à part entière ? Cette question amène également à s’interroger sur le rôle de cette période sur l’avènement du plein Bronze final, en constitue-t-elle un préambule ou assiste-t-on à une rupture, tel qu’en témoignent les civilisations méditerranéennes vers 1200 av. J.-C. ?

Ces quelques points de réflexion ne doivent pas masquer les nombreuses possibilités de contribution autour d’une séquence chronologique qui, constituant le cœur de l’âge du Bronze, demeure incontournable pour la compréhension cette époque.

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